Il était à son poste d'observation favori à la même heure chaque matin ; il lui fallait la voir de nouveau ; il ne pouvait s'empêcher de la voir effectuer tous ses petits gestes quotidiens qu'elle effectuait à son levé. Il était là, avant même que l'alarme de l'adolescente ne sonne, avant même qu'elle n'ébauche son premier sourire de la journée vers sa fenêtre.
Cela faisait maintenant deux mois qu'il l'espionnait et elle, elle ne se doutait de rien encore.
Ce matin, le soleil brillait de mille et un feux et lui en était plutôt heureux car pour une journée d'automne il ne faisait pas trop froid. L'alarme de la jeune fille se fit entendre et il porta son regard vers l'immense lit où le jeune corps semblait perdu. En une quinzaine de minutes, elle était vêtue d'une chemise d'homme noire avec un pantalon rouge sang. Cet accoutrement était inhabituel chez une femme mais il la dotait d'un style unique lui donnant un air fragile et sexy à la fois.
Le tableau s'offrant aux yeux du curieux était super, mais quelque chose clochait... Des larmes roulaient sur les joues enfantines. Le voyeur comprit que quelque chose n'allait pas bien pour l'adolescente mais que pouvait-il bien faire ?
Il essaya de se rapprocher discrètement de la fenêtre, mais d'un coup de vent, l'adolescente sortit de sa chambre laissant la pièce vide. Le voyeur décida donc de ne plus se tracasser pour le jeune visage aux grands yeux tristes et s'en alla tout bonnement.
Le voyeur revint à son poste le lendemain matin, c'était un samedi donc l'adolescente dormirait plus longtemps, mais il s'en foutait, il voulait seulement la voir et ce le plus longtemps possible.
Quelle ne fut pas sa surprise alors de voir le lit inoccupé, pas même défait ! Inquiet, il se promit de revenir au couché du soleil avant d'aller dormir.
La journée s'écoula lentement ; minute par minute ; seconde par seconde. Dès que le soleil se colora des teintes orangées il se précipita vers sa fenêtre favorite !
L'adolescente était enfin dans sa chambre, seule comme toujours, les yeux rouges de pleures tout comme la veille. Vêtu d'un déshabillé bleu pâle, les cheveux d'un brun doré flottant librement, elle ressemblait à un jeune fantôme errant avec son visage pâle de tristesse. Le voyeur se rapprocha pour mieux la voir, essayant de déterminé les causes de son chagrin.
Ce qu'il y vu l'effraya à un plus haut point ; l'adolescente avait entre les mains un flacon vide d'aspirines. La nuit était tombée rapidement et la jeune fille éteignit sa lampe de chevet, se plongeant dans la noirceur des ténèbres.
Le voyeur ne put se résoudre à quitter le bord de la fenêtre. Il ne savait que faire. Et si l'adolescente avait vidé la bouteille de pilule au complet ? Ou au contraire, peut-être s'inquiétait-il inutilement et qu'elle n'en avait prit qu'une. Peut-être pleurait-elle à cause d'une migraine... Mais encore ! Peut-être pleurait-elle pour une raison beaucoup plus grave... Il ne savait pas trop à quoi s'en tenir mais son instinct le poussa à frapper légèrement à la fenêtre.
Si la jeune fille au regard affligé venait voir ce qui était la cause du bruit il s'en irait aussi discrètement qu'à son habitude, dans le cas contraire.
Elle ne vint pas et il décida de s'acharner en frappant plus fort contre la vitre. Plus le temps s'écoulait et plus il cognait fort, mais il était frêle et il devait faire beaucoup d'efforts pour faire beaucoup de vacarme. Après une bonne vingtaine de minutes, une femme d'âge mûr entra dans la chambre et alluma la lampe de chevet pour voir ce qui entraînait tout ce chahut. Elle se dirigea vers la fenêtre et lorsqu'elle l'ouvrit, elle n'y vu personne. Malgré tout le voyeur était toujours là, caché dans la pénombre souffrant silencieusement.
La femme se dirigea alors vers le lit de sa fille adorée et ce qu'elle y vu lui glaça le sang des veines. Le flacon d'aspirines neuf, qu'elle venait à peine d'acheter, était vide auprès de sa fille. Le voyeur su alors qu'il avait bien fait de s'acharner contre la fenêtre car l'adolescente serait morte sinon.
Lui pourtant mourut le coeur heureux d'avoir sauvé la jeune fille aux yeux mélancoliques... Il mourut car sa fragile carcasse n'était pas faite pour frapper aux fenêtres aussi fort que cela... Il mourut car n'étant qu'un oiseau, ses os n'avaient pas résistés aux collisions répétées contre sa fenêtre préférée
à 22:57